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À propos d’une réflexion de 2 vieilles dames.

Photo du rédacteur: Gilles CailleauGilles Cailleau

C’était au mois de décembre, à la Friche, pendant une représentation de Fournaise. Deux femmes qu’on ne pouvait pas suspecter de vulgarité, bien mises de leur personne et d’un âge déjà respectable étaient assises juste devant moi. Elles ne disaient rien, ne faisaient aucun commentaire, et je n’arrivais pas à savoir si le spectacle leur plaisait ou non, mais, au moment où les garçons quasi torse nus installent la bascule au milieu de la piste, l’une d’elles chuchota à l’autre : — « Quand on voit ce qui existe et quand on voit ce qu’on se tape ! » C’était un chuchotement, mais c’était un cri. Avouons-le, cet élan un peu trivial, certes, mais si inattendu, nous a fait bien rire. Seulement, je me suis surpris ces derniers temps, en de nombreuses occasions moins légères, à pousser moi aussi ce même cri du cœur, et à n’en pas rire du tout. Je l’ai poussé très exactement à chaque décision, à chaque proposition, à chaque suggestion, à chaque affirmation, à chaque démonstration de l’homme qui depuis un an préside à nos destinées. Quelle que soit la loi qui se vote, quelle que soit la loi qui se prépare, que la déclaration soit nationale ou internationale, c’est à chaque fois la même consternation : — « Quand on voit ce qui existe et quand on voit ce qu’on se tape ! » Mais je ne ferais pas part de mes exclamations ici,me joignant ainsi la meute de ceux qui après l’avoir porté au pouvoir, le dénigrent brutalement, pour d’ailleurs les mêmes mauvaises raisons : « votons pour lui, il a promis de faire quelque chose pour moi » / « je ne l’aime plus, il ne fait rien pour moi » (oui, décidément, ce pour moi ne promet rien de bon dans la république), mais je ne ferais pas part, donc, de mes exclamations ici, si dans cette exubérance de mesures ridicules ou déshonorantes, il n’y en avait pas un certain nombre qui reçoivent l’assentiment de tous tout en étant, elles, véritablement dangereuses. Ainsi, une fois de plus, on nous ressort la même critique de l’enseignement, en promettant de recentrer l’apprentissage sur les fondamentaux, lire, écrire, compter. Il faut l’avouer, cette affirmation n’est pas propriété des gouvernements de droite, de tous bords, ils y ont goûté. Pensez donc, un tel discours fait plaisir à tout le monde, c’est l’autre façon de dire c’était mieux avant. C’est la meilleure façon de se mettre dans le camp de ceux qui ont pleuré devant Les Choristes. Mais les gouvernements précédents, s’ils ont utilisé l’argument, se sont bornés à des effets d’annonce. Là, c’est autre chose, au nom une fois encore de principe d’un autre âge, on va faire disparaître de l’école les enseignements artistiques, ceux des langues inutiles, pour réduire les programmes éducatifs à un manuel de survie : lire, écrire, compter. Qu’un gouvernement comme le nôtre ait intérêt à ce que les gens manquent d’imagination, c’est très compréhensible, mais le plus désespérant, c’est le consentement général à ces projets. On peut élire quelqu’un pour de mauvaises raisons, on peut le honnir aussi pour de mauvaises raisons. Pour ma part, je n’arrive pas à me réjouir du désamour dont jouit notre président si ceux qui le conspuent aujourd’hui sont bien contents que leurs enfants ne perdent plus leur temps à faire du dessin ou de la musique à l’école, mais apprennent à écrire bien droit, du moment que l’essence ou les fruits et légumes n’augmentent pas. Gilles, à Auch, le 9 mai 2008.

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