Trois exemples, trois pauvres exemples :
1° - 53 pour cent de mes compatriotes auront donc voté, en toute connaissance de cause, pour quelqu’un qui n’a pas hésité à intervenir auprès du propriétaire d’un journal pour en faire renvoyer le directeur, au seul titre qu’un article (ou la couverture) ne lui avait pas plu : LIBERTÉ.
2° - 53 pour cent de mes compatriotes auront donc voté, en toute connaissance de cause, pour quelqu’un qui s’appuie sur des théories comportementales qui définissent le gène de la pédophilie, de l’homosexualité, de la délinquance (j'en parlais l'an dernier dans un édito qui s'appelait Bienvenue à Gattaca)... En toute connaissance de cause est un peu faible, puisque c’est un argument qu’il a jeté avec éclat dans la dernière bataille : ÉGALITÉ.
3° - 53 pour cent de mes compatriotes auront donc voté, en toute connaissance de cause, pour quelqu’un qui depuis deux ans, oppose les valeurs et les gens, la racaille contre les honnêtes gens, les resquilleurs et les travailleurs, et fonde son projet sur cette opposition (Tiens ! j'en parlais il y a deux ans dans un édito qui s'appelait Je ne partirai pas en vacances tranquille) : FRATERNITÉ .
Il faut donc croire, puisque cet homme n’a pas avancé masqué, mais a clamé haut et fort ces convictions-là, qu’une majorité de Français y souscrit.
À moins qu’un certain nombre d’entre ceux qui ont choisi cet homme ait choisi de passer outre à ces quelques dommages collatéraux, dans l’espoir d’un mieux-être.
Je ne sais pas, je suppose que c’est un peu des deux.
Je sais aussi que beaucoup des adeptes du libéralisme ont une telle foi en l’individu qu’ils pensent que sans entraves et sans règles, il ne s’en épanouira que mieux. Je ne les accuse donc en aucun cas de cynisme.
Le résultat est le même : aujourd’hui, quelles que soient leurs raisons, une majorité de gens a accepté de renoncer à une forme de liberté, d’égalité et de fraternité.
Et cette défaite est beaucoup plus vaste que la défaite d'une candidate, et la victoire de ceux qui ont gagné ce soir me semble être un maquillage de la pensée...
Liberté, égalité, fraternité, ça fait beaucoup pour une seule soirée.
Gilles, sur la route, le 6 mai
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