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EDITO / Quand te reverrai-je, pays merveilleux ?

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Introduction.

À l’âge de 10 ans, mon fils a insisté un soir pour qu’on regarde ensemble Les Bronzés font du ski. J’hésitais, car je ne connaissais pas ce film, et nos goûts cinématographiques sont très différents, on se prend vite la tête quand on choisit un film. Lui, par exemple, il aime les vieux westerns comme On l’appelle Trinita et moi, je préfère les films historiques britanniques avec une touche de romance ; lui il adore les documentaires animaliers, et moi les films fantastiques.

 Il insistait vraiment et j’ai fini par dire oui.

On a regardé le film ensemble, il riait comme un fou et moi, je m’endormais. 

Quelques jours plus tard, je l’entends jouer dans sa chambre avec ses Lego et il se met à chanter à tue-tête – “Quand te reverrai-je, pays merveilleux...”. Cela m’interpelle et puis… je cherche un titre pour mon premier édito et je me suis dit que justement, cette phrase est parfaite. Je lui demande d’où il connait cette réplique. “Mais maman, c’est Les Bronzés font du ski, on l’a vu ensemble”. Oops, bien sûr…
En cherchant le morceau en entier sur internet, je tombe sur une émission de France Inter où Juliette Armanet explique ce petit moment de cinéma français. Voilà mot à mot ce que dit Juliette de ce “moment de cinéma qui est aussi un moment musical sans l’être” : – “C’est une vraie musique à part entière, mais aussi un coup de génie, car ce n’est pas évident de faire une bande-son avec juste quelqu’un qui siffle coincer dans un télésiège. Pour la petite histoire, la troupe du Splendid voulait mettre la chanson Étoile des neiges qui avait été chantée par Line Renaud. Malheureusement, ils n’ont pas réussi à trouver un accord sur le montant des droits pour l’utiliser dans le film. Si on regarde bien à l’image, on voit Michel Blanc qui chante Étoile des neiges. Le playback ne correspond pas à la version finale du film. Comme la production n’a pas eu les droits, Michel Blanc a dû redoubler plus tard sa voix en studio avec Quand te reverrai-je, pays merveilleux. Ce n’est pas vraiment un pastiche, mais un tour de magie qui reprend de manière subliminale le morceau Étoile des neiges. Cette chanson m’émeut beaucoup. On a tous déjà vécu ce moment de solitude”.

Je revois ce moment dans le film, ces sensations de colère, de solitude, de nostalgie me saisissent à nouveau, et je me dis que oui, c’est peut-être le bon titre pour mon premier éditorial… Merci à mon fils… On regardera bientôt Le père Noël est une ordure, promis, et je ne m’endormirais pas avant la fin.

Février 2024

 

Quand te reverrai-je, pays merveilleux...

[à lire comme Michel Blanc le chante/crie dans le film]

Entre mes racines en Israël et ma vie en France, la question de l’appartenance résonne profondément en moi. À 38 ans, les liens qui me rattachent à ces deux mondes créent une mosaïque d’identités. Naviguer entre mes origines dans un kibboutz en Israël et ma vie quotidienne en France depuis 17 ans m’a conduit à explorer la profondeur de mes attaches. Mon parcours évoque une dualité, un dialogue constant entre deux cultures, deux langues et deux histoires qui convergent en moi.

Le kibboutz, où j’ai grandi, représente plus qu’un simple lieu géographique. Il incarne une communauté, un mode de vie. Les souvenirs d’une enfance partagée, d’une éducation commune, se mêlent aux traditions françaises que j’ai adoptées au fil des années. C’est dans cette dynamique que mon identité devient complexe, chaque aspect portant l’empreinte de deux mondes distincts.

En France, chaque rue, chaque accent, chaque coutume est devenue une partie intégrante de ma vie quotidienne. La langue française est devenue ma deuxième voix, exprimant mes pensées et émotions. Les rencontres et les amitiés forgées ici ont élargi ma vision du monde, me connectant à une diversité qui transcende les frontières.

Au cœur de cette dualité, la question de l’appartenance devient un voyage introspectif. Qui suis-je au croisement de ces deux mondes ? Comment naviguer entre les différentes sphères de ma vie sans renier mes racines ? Ces interrogations nourrissent ma quête d’identité, me poussant à embrasser la richesse de cette pluralité.

La diversité des identités et des appartenances est une réalité que chacun porte en soi. Nous sommes tous des mosaïques vivantes, composées de divers fragments culturels, familiaux et personnels. En explorant ces nuances, nous découvrons une force singulière dans la variété qui caractérise l’humanité.

J’explore et j’embrasse la complexité de l’appartenance. C’est une ode à la diversité qui enrichit notre existence, à la capacité de chaque individu de fusionner différentes facettes de son identité pour créer une harmonie. J’ose rêver qu’en reconnaissant la valeur de chaque élément dans la tapisserie de l’humanité, nous pouvons construire des ponts plutôt que des murs, favorisant ainsi une compréhension mutuelle et une acceptation de nos différences.

Que notre appartenance à une communauté mondiale soit empreinte de respect et de tolérance !

 En acceptant notre diversité, nous contribuons à la création d’un monde où chaque individu se sent libre d’être pleinement lui-même, sans craindre d’être incompris. Car, au fond, dans cette complexité d’identités, réside la véritable richesse de notre existence collective.

Quand te reverrai-je pays merveilleux ? Plus jamais ? Je t’ai posé une question ! Quand est-ce que je te reverrai ? Il semble que ce ne sera plus possible à l’avenir.

Tu me manques tellement, tu sais ! Je pense à tout ce que tu représentais pour moi dans mon petit monde parfait. Mais bon, je dois me faire une raison, je ne pourrai plus te retrouver. Tu es perdu dans cette folie inexplicable. Tout ce qu’il me reste, ce sont des souvenirs, et je préfère les garder précieusement. 

 

Lulu Koren

Ce texte a été écrit en février 2024 lors d’une visite familiale en Israël, après le massacre du 7 octobre et le début de cette terrible guerre. Après 4 mois et demi où tout a changé dans mon monde, intérieur et extérieur.

Je me demande pourquoi il est si important pour nous de ressentir ce sentiment d’appartenance – et quand cela devient-il dangereux ?

Même si je suis habitué à ne pas me sentir vraiment chez moi, je vois bien que c’est un besoin fondamental pour notre développement et notre adaptation à de nouveaux environnements.

Mais quelqu’un peut-il faire face à la vie sans ce sentiment d’appartenance ? Et quels en sont les buts et la signification réelle ? La question est : qu’est-ce que ce sentiment d’appartenance exactement aujourd’hui ?

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