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C'est la vie

Photo du rédacteur: Gilles CailleauGilles Cailleau

J’ai fait la connaissance des Cartoun Sardines en 1994, à Avignon. À l’époque, leur nom s’écrivait avec deux O. (Objectivement, je les avais croisés pour la première fois en 1992, toujours au festival d’Avignon. On était voisins de loge, quand ils sortaient de scène, je me préparais. Mais même si j’avais senti dès ce premier moment une fraternité timide, nous nous étions seulement croisés.) 1994 était pour moi et mes compagnons de troupe une année formidable. Le festival nous souriait.

Au mois de juillet dans la Cité des Papes, on est toujours très pressé. On se croise, on s’embrasse vite. - Comment vas-tu depuis l’an dernier ? - Ça marche, vous avez du monde ? - Et vous, les programmateurs aiment ? - Je te laisse, je vais au jardin, il y a une rencontre… Pas idéal pour faire connaissance. Seulement, je ne sais plus pourquoi, tous les jours vers 13 heures, je passais dans la rue Guillaume Puy, devant l’espace des Cartouns, à l’heure où le portail était encore fermé. Et ce jour-là, il y avait un petit mot sur la porte. Les mots exacts, je ne m’en souviens plus, je me souviens que ça disait en substance : notre spectacle « C’est la Vie » ne ressemble pas à ce que nous rêvions de faire, alors nous ne le jouons plus, à la place, on jouera le « Malade Imaginé ». C’est la Vie. C’est en lisant ce petit mot que j’ai fait leur connaissance. D’abord envieux de cette honnêteté culottée (parce que, vous pouvez me croire, il faut être courageux pour faire cet aveu en plein milieu d’Avignon), ensuite attendri… J’ai continué mon chemin en me disant tout bas : maximum respect. En même temps, ça semblait être une évidence, qu’un spectacle dans lequel ils ne trouvaient pas assez de plaisir, il fallait l’arrêter. Mais je n’étais pas sûr que, s’il m’était arrivé la même chose, je n’aurais pas, plutôt que d’avouer simplement les choses, simulé une jambe cassée. Après avoir lu ce petit mot, je n’ai plus fait mon métier comme avant Lorsque des amis se séparent, ce n’est jamais très gai. On ne sait pas quoi dire, on ne sait pas quoi leur dire. On ne sait pas quoi penser, on s’interdit même de penser quelque chose qui pourrait faire pencher la balance. On se doute qu’il y a des envies, des joies, des tristesses, des torts, des rancoeurs, des envies d’ailleurs et des envies d’autres choses, d'autres visages, des espérances et des regrets, que tout cela est mélangé. Bien sûr on ne peut pas, on ne veut pas, on n’a pas le droit de peser le pour et le contre. On ne sait même pas si on a le droit d’en parler. Mais voilà, on a des amis qui se séparent… Je suppose que comme tous ceux qui ont vu Mohican Dance, Le Malade imaginé, la Puce à l’oreille, j’espérais que vous finiriez votre vie côte à côte, mais puisque vous vous séparez, je voudrais te dire, à toi Patrick, qui poursuis autrement le chemin de Cartoun Sardines, je voudrais te dire à toi, Philippe qui crée ton Agence de Voyages Imaginaires, vous dire à toutes et tous, Jean-Yves, Claude, Pierre, Valérie, Axelle et Dominique, Laurence, André, Stéphane et Vincent et encore Pierre et encore Laurence… Bref, vous dire à vous tous qui avez donné vie à cette aventure, MERCI, BONNES PROCHAINES ANNÉES !


Gilles, à Marseille, 7 janvier 2008.

 
 
 

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