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  • Photo du rédacteurGilles Cailleau

Macédoine

J’étais petit et je rêvais d’un canoë gonflable. Une obsession d’enfant. Ma mère n’en pouvait plus « je veux un canoë, je veux un canoë ». Cette fois-là dans le petit supermarché de quartier, il y avait une semaine commerciale et miracle, un canoë gonflable à gagner. J’ai erré dans le magasin plus de 2 heures, les mains dans les poches, fasciné par le canoë suspendu au plafond, et je devais avoir un drôle d’air, parce que le directeur du magasin m’a attrapé, m’a fouillé, et vexé de ne pas trouver ce qu’il croyait que j’avais dérobé, il m’a giflé. Quand j’ai raconté ça à ma mère, elle s’est mise très en colère, est allée voir ce directeur, et comme il ne s’est pas excusé, elle m’a fait jurer que nous n’irions plus, ni elle ni moi, de notre vie, dans ce supermarché. On a tenu parole, mais il était bien pratique, ce magasin, il était tout près, alors de temps en temps, on envoyait ma sœur y faire les courses…

Lorsqu’entre les 2 tours, on a vu qu’il y avait une forte probabilité que Bruno Mégret devienne maire de Vitrolles, tout le monde s’est mobilisé, et même le magasin Ikea qui a menacé de s’implanter ailleurs, si Mégret passait. Peut-être, en y repensant, que ce n’était qu’une rumeur, née pour nous donner du courage, mais je me suis dit « ils sont bien ces gens d’Ikea. » Et puis Mégret et passé, et Ikea n’a pas bougé, je me suis juré de ne plus y retourner. J’ai tenu 4 ans et puis, un matin, je suis allé y acheter une table…

Oui, je suis bien placé pour savoir qu’on ne jamais dire fontaine…

Mais je le jure, je le promets, si jamais notre prochain président de la République crée un ministère de l’immigration et de l’identité nationale, je descendrais dans la rue jusqu’à la fin du cauchemar. Et que celui qui me voit manquer une grève à ce sujet me mette ce papier sous le nez.

Heureusement, il y a aussi de bons moments. J’ai fait signer l’autre jour à tous les candidats un pacte Attention Fragile. Ils s’y sont tous pliés de bonne grâce. On avait monté la tente berbère, convoqué quelques journalistes, et je les ai conviés à monter sur la scène.

Ils se sont donc engagés à décupler les subventions allouées à la compagnie, à nuire au maximum aux compagnies adverses, à nous reconnaître d’utilité publique, à faire pression sur les théâtres pour qu’ils nous prennent plutôt que les autres, à rétribuer des spectateurs factices en cas d’insuccès, à nous laisser créer des zones fumeurs dans les gradins et pour finir, à inscrire l’existence d’Attention Fragile dans la constitution.

Ils ont signé d’autant plus facilement, qu’ils savaient que de telles mesures soit ne leur coûtaient rien, soit elles étaient impossibles à mettre en place.

Je le savais aussi, que je leur demandais l'impossible, mais à quoi ça servirait d'être civilisé, si on ne pouvait pas faire quelques caprices, alors par compensation, je les ai fait monter sur scène à 4 pattes, leur humiliation a suffi à mon contentement.

De toute façon, je l'ai bien entendu l'autre soir à la télévision, "le gouvernement s'est réuni pour montrer qu'il continuait à travailler pendant les vacances." Pas pour travailler, pour montrer qu'il travaille, et le journaliste dit ça sans s'émouvoir...

À défaut de faire des choses, il suffit de montrer qu’on y pense.

Gilles, à Tours, 10 mars 2007.

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